175 km en VAE avec une seule batterie ! Mais il faut pédaler un peu quand même 😉
Bruno G., auteur de l’article
Vélotafeur au quotidien, je pratique très peu le vélo loisir ou le vélo sportif. Mais il faut le reconnaître : le voyage à vélo me fait rêver. Faire défiler les kilomètres, voir le paysage changer au fur et à mesure de la journée, voir des lieux insolites, capter des instants uniques…
L’histoire de ce périple
Printemps 2023, ma filleule (qui habite Lyon) souffle sa première bougie. L’idée de lui apporter des pieds de framboisiers de mon jardin, en transport Zéro Carbone, a commencé à germer dans ma tête. Coïncidence de calendrier, le Cargo Bike Festival est annoncé pour le Dimanche 14 Mai à Lyon, place Bellecour. Mon collègue Bruno C. doit faire l’aller-retour depuis Annecy pour tenir le stand et transporter nos vélos, il a donc une place pour le retour, et un peu de renfort sur le stand ne sera pas de refus !
L’opportunité est trop belle, je la saisis. C’est décidé, je ferai le voyage d’Annecy à Lyon en vélo cargo, chargé de mes affaires et d’un gros seau de 5 kg contenant la précieuse marchandise : des pieds de framboisiers avec leurs racines et un peu de terre autour, pour ne pas les asphyxier le temps du voyage.
Préparatif : le choix du matériel
Quel équipement choisir ? Ce voyage se fera en vélo cargo Oklö, évidemment ! Mon vélo ÉVO Coursac Longtail couleur bronze avec fourche suspendue et moyeu Alfine 8. Ça me paraît être un bon compromis capacité de chargement / confort / rendement pour affronter les 175 km du trajet dans la journée, pour moi qui n’ai jamais fait plus de 75 km sur un vélo ! Pour maximiser le rendement, les pneus sont gonflés à 4,5 bars. Le sac Missive est largement assez grand pour contenir dans le baquet avant toutes mes affaires, le ravitaillement, 2 L d’eau ainsi que le gros seau de framboisiers. En effet, l’encombrement du seau le rend impossible à caler dans des sacoches sans déséquilibrer le vélo. La capacité de chargement dans l’axe d’un vélo cargo est un atout majeur pour les chargements lourds et encombrants !
Sur un grand trajet comme celui-ci, il est important de ne pas perdre de temps en cherchant son itinéraire, sinon la journée est interminable ! L’itinéraire est donc défini sur Mapy.cz en suivant au maximum la ViaRhôna pour limiter les routes circulantes et le dénivelé. La carte Auvergne Rhône-Alpes est téléchargée, et avec le téléphone accroché au baquet avant et branché sur batterie externe, le guidage est assez pratique.
La météo est annoncée mauvaise pour ce samedi 13 Mai. Peu importe, j’ai des affaires de pluie, et le vélo est équipé de garde-boue et de bavettes très protectrices, ça ira bien ! Des orages étant annoncés à Lyon en fin d’après-midi, l’horaire de départ est fixé à 5 h du matin pour espérer arriver vers 15 h. En roulant à 25 km/h de moyenne, ça fait 7 h de route, ce qui me laisse 3 h de marge (pauses, baisse de régime …). En mettant l’assistance au mini (niveau 1), le 25 km/h est assez facile à tenir, mais l’autonomie annoncée par le display est de 130 km, il va falloir appuyer sur les pédales pour avoir de l’assistance jusqu’au bout !!!
L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt
L’aventure commence le vendredi soir, par déterrer les quelques pieds de framboisier qui vont prendre la route le lendemain. Top départ le samedi 13 Mai. Le temps de finir le paquetage dans le baquet avant, il est 5 h10, il fait nuit noire et il tombe 3 gouttes (mais pas de quoi mouiller le sol) : alors en route, et avec enthousiasme svp !
Les 25 premiers kilomètres sur route me permettent de rejoindre la ViaRhôna à Seyssel. Cette portion concentre la majeure partie du dénivelé de la journée, mais je me limite au niveau 1 d’assistance car je suis encore frais ! À partir de Serrières-En-Chautagne, l’itinéraire ViaRhôna quitte la route pour circuler à plat et en voie verte entre les champs ou le long du Rhône. Cette portion est vraiment agréable, zéro dénivelé, l’itinéraire passe à proximité de Culoz, Belley, enjambe la nouvelle passerelle piétonne de Virignin La Balme puis traverse Brégnier-Cordon, le tout en voie verte jusqu’au pont de Groslée.
Première pause (j’ai soif!) au Lac du Lit du Roi, 2 h après le départ. Le lieu est très agréable et seuls quelques pêcheurs sont là si tôt avec un temps aussi menaçant (pardon, un beau temps pour les nappes phréatiques) ! Au kilomètre 63, accompagné d’un bon vieux Pink Floyd (Animals) dans les écouteurs : sensation de plénitude quand mon autonomie restante égale puis dépasse la distance restante à parcourir !!! Le défi devient réalité😉. Depuis le début, je roule au niveau 1 d’assistance, souvent au-dessus de 25 km/h, mais parfois secondé par l’assistance lors des faux-plats montants.
La pluie s’invite
Après les premières heures agréables de ce voyage en vélo cargo, retour à la réalité suite à la 2ème pause (café-madeleines) sur la Place de la Flamme Olympique de Brégnier-Cordon : à peine reparti, les premières gouttes commencent à tomber, avant de se transformer en grosse averse jusqu’au pont de Groslée. Je ne pouvais pas dire que je n’étais pas prévenu : cape de pluie et sur-bottes font heureusement partie de mon équipement du jour ! Bien utile pour ne pas se faire tremper les pieds quand il reste 100 km à parcourir !!!
Au pont de Groslée je quitte l’itinéraire ViaRhôna pour une quinzaine de kilomètres sur route afin de réduire la distance. En effet, l’itinéraire officiel fait un gros détour pour passer par Morestel, mais moi, j’abrège ! Cependant, il faut reconnaître que sur routes départementales, rouler à vélo est nettement moins agréable… C’est donc avec un grand plaisir que je retrouve l’itinéraire et sa voie verte à la hauteur de Sault-Brénaz ! Pour la pause casse-croûte / sieste à 10 h 30, je m’arrête dans un petit havre de tranquillité en rive droite du Rhône face au Château Neuf de Vertrieu (photo). Déjà 110 km au compteur, ça avance plutôt bien.
La suite du trajet alterne entre de grosses portions de ViaRhôna encore très agréables et des petits passages sur route hors itinéraire pour limiter les détours. Le paysage défile, la Centrale du Bugey, les fermes d’élevage, les centres équestres … La météo s’améliore, mais les nuages restent assez menaçant sur l’horizon lyonnais. Les pauses se multiplient, je peine à rester au-dessus de 25 km/h et je sens le moteur se mettre en route de plus en plus souvent.
Gestion de la batterie
Niveau autonomie restante, j’ai de la marge : au km 140, l’écran annonce 50 km d’autonomie pour 35 km restant à parcourir, mais plus le kilométrage avance, plus la marge se réduit … Comme ma destination se trouve à 80 m de dénivelé en haut des pentes du 9ème à Lyon, je n’ai aucune envie de me retrouver sans assistance pour la dernière côte méga raide. Alors je coupe un peu l’assistance sur les chemins de halage pour quelques kilomètres, je roule à 20 km/h avec le même effort, j’économise un peu l’assistance et je regagne de la marge.
La traversée du parc de Miribel Jonage reste assez verdoyante alors que je m’attendais à découvrir un paysage urbain pour la fin du trajet. Dans Lyon, les nombreuses pistes cyclables le long du Rhône et surtout le tube “mode doux” de la Croix Rousse conservent intact le plaisir de rouler à vélo, même après 165 km. Arrivé au pied de la côte finale, je sors ma dernière cartouche pour “vaincre le boss du dernier niveau” : l’assistance au maximum me catapulte au sommet de la montée sans effort, ouf ! Arrivé à destination, je mets le pied à terre au kilomètre 175 (selon le GPS), il est 14 h 56 et il me reste même 5 km d’autonomie à la puissance maxi !
30 minutes plus tard, bien au chaud chez les copains, je vois la pluie tomber par la fenêtre ! Les pieds de framboisiers ont bien supporté le voyage, ils retrouvent la terre le soir même après l’averse.
Bilan d’un périple de 175 km en VAE cargo
L’EVO est conçu pour une utilisation urbaine, mais il s’avère plutôt efficace pour le voyage :
- les pneus sont robustes et roulants, pas de crevaison à déclarer (merci les Schwalbe renforcés)
- le sac Missive est parfaitement étanche même après 1h de pluie battante !
- la fourche hydraulique est un vrai plus en confort pour les poignets et les cervicales, surtout avec les pneus gonflés à 4,5 bars !
- la transmission Shimano Alfine 8 est bien étagée même avec peu ou pas d’assistance électrique
- moyennant de l’adapter à sa morphologie (réglages selle-potence-grip), la position de conduite est encore confortable après des heures d’effort
- le combo Moteur Bafang M410 / Transmission Alfine 8 / Roues 24” offre un très bon rendement, le vélo est très roulant sans assistance malgré son poids avec chargement. Il est facile de tenir les 26-27 km/h sur le plat et le moindre faux plat descendant permet de rouler à 30-35 km/h sans effort supplémentaire.
- l’autonomie annoncée par l’afficheur, sans être parfaite, est assez réaliste. Elle donne un bon aperçu de ce qu’il reste en fonction du niveaux d’assistance.
- et en plus, avec les cale-pieds, on peut prendre un auto-stoppeur (vélo-stoppeur serait le mot à inventer) !!!
Prochain trip à vélo ?
Il y aura très certainement un parapente ou une corde d’escalade dans le baquet avant 😉